Vingt-cinq

13/12/2018

Et vous, vous vous êtes déjà identifié à l'univers d'une série ?

Merci de le demander, dernière série en date qui m'a autant amusé que chamboulé c'est Vingt-cinq. Série française sans prétention, simple et efficace qui vise juste et qui fonctionne parfaitement. Je reviendrai plus tard sur la raison pour laquelle je m'identifie à cette série (même si elle est plutôt évidente), mais si vous n'allez pas au bout de cette critique, allez voir la série, elle vaut vraiment le coup.

Vingt-cinq est une série générationnelle sur cette tranche d'âge rarement (ou trop mal) représentée des vingt-cinq ans. Jérémy, Alex et leur bande de potes de longue date traversent chacun une période charnière (professionnelle ou amoureuse) et rencontrent toutes sortes d'obstacles qui viennent bouleverser leur quotidien. On rit, on pleure, on se remet en question, le tout écrit et réalisé par Bryan Marciano, qui interprète également le rôle de Jérémy, et produit par Géraldine Nakache. La première saison a débarquée sur OCS fin octobre.

Je suis sûr que vous êtes déjà chauds, je me trompe ?

Ouais, c'est normal, le pitch suffit a convaincre. On a vu des séries ou des films sur la crise de l'adolescence et sur les ados en général, tout comme on a vu des séries et des films sur la crise de la quarantaine et les difficultés qu'on peut traverser à cet âge là, mais comme dit précédemment, la crise des twentysomething avait rarement été représentée. Est-ce parce qu'elle est plus discrète ou moins importante ? On ne le sait pas, mais quoiqu'il en soit ça fait du bien de la voir exprimée à l'écran.

Bon, qu'est-ce qui fait que c'est une bonne série me demanderez-vous ?

OK, ça va. Je me lance.

Tout d'abord, la volonté initiale. Avec l'avènement de Netflix et du streaming en général, plusieurs centaines de nouvelles séries sortent chaque année, dont des séries vraiment excellentes. Tous les genres, tous les styles, tous les formats et toutes les origines sont représentés. De nouveaux genres également se créent et créent une mode, comme récemment le genre « post-apocalyptique » mais ça n'empêche la production de bonnes séries (de mauvaises aussi bien-sûr, mais ce n'est pas pertinent pour tout de suite).

Bref, donc. Dans cet océan de nouvelles séries, il est difficile de se créer une place et de se démarquer. Pour les créateurs de séries il y a deux possibilités : surfer sur la hype et proposer quelque chose que le public aime et auquel il va facilement adhérer, ou tenter une expérience et aller quelque part ou on n'a pas trop été avant. Et dans ce deuxième choix il y a deux résultats possibles : soit le public n'est pas prêt, et/ou la série ne se fixe pas assez d'objectifs et ne trouve pas sa place dans le cœur des spectateurs, soit la série est une réussite et elle vient se loger parfaitement dans notre culture télévisuelle. Et de toutes les situations citées, vous l'aurez compris, Vingt-cinq est la dernière.

La volonté initiale d'aborder cette thématique, et dans ce format, est donc la première raison de la réussite de la série.

La deuxième raison de cette réussite est bien évidemment la qualité de la réalisation (réalisation, production, scénarisation et tutti quanti).

Niveau scénario c'est extrêmement réaliste, on a des situations auxquelles on s'identifie et ça ressemble à ce qu'on connait (sauf peut-être une storyline du dernier épisode, mais même là je me dis pourquoi pas). Toutes ces histoires sont portées par des dialogues vraiment intéressants, des punchlines de haut niveau, Jérémy qui peut nous lâcher un « tout le monde avance et moi je recule, je suis un saumon en fait » qui passe tout seul, et tout est parfaitement dosé. En plus de tout cela, les personnages sont aussi très bien écrits. Ils représentent chacun une situation professionnelle et amoureuse différente, avec des enjeux et des convictions différentes. Ils sont attachants, drôles et très identifiables. Je me demande si il ne manque pas parmi eux un personnage avec une situation professionnelle ou amoureuse stable. Sinon, tout est représenté et de façon très pertinente et intelligente. Niveau scénario (dites moi si vous êtes d'accord en commentaires), cette série me rappelle énormément Atlanta de Donald Glover aka Childish Gambino. C'est fin et réaliste et ça décrit parfaitement une « communauté » auquel appartient le créateur-réalisateur-acteur principal. Si vous n'avez pas vu Atlanta allez-y aussi, c'est vraiment de la qualité.

Petite pause parce que j'ai pas mal écrit déjà. Ça va vous sinon ?

OK, cool. On a parlé de l'écriture, passons à la réalisation.

Niveau photographie, il y a un vrai travail qui a été fait. Tout au long de la saison on trouve des plans créatifs et on sent qu'il y a une personnalité artistique forte et une volonté de tenter des choses originales. C'est visuellement très agréable et ça fonctionne très bien. On peut remarquer un léger manque de lumière, mais personnellement j'ai trouvé que ça donnait un style très parisien à l'image. Ça rappelle le ciel gris qu'on voit d'ailleurs tout le long de la saison et de façon général c'est un plaisir de voir Paris.

Un autre très très bon point de cette série à mon gout c'est le casting. Bryan Marciano, qui est partout à la fois, n'échoue nul part. Son personnage est drôle, touchant et vraiment bien interprété. Il me rappelle légèrement un Pierre Niney de Five dans son jeu, mais également dans la personnalité du personnage. Je n'arrive pas à imaginer que Bryan Marciano puisse être différent de Jérémy dans la vie tellement il incarne le personnage.

Avant de citer mon deuxième gros coup de cœur, on a quelques personnages secondaires qui sont peut-être assez approfondis mais qui méritent plus de temps à l'écran. Tout d'abord le père de Jérémy, qui passe son temps à regarder Hanouna à la télévision et qui nous offre des scènes vraiment drôles dans l'ascenseur ; le petit Théo qui découvre « le banatage au pays de Sarcelles » alors qu'initialement il ne mange que cru (mais où vont-ils chercher tout ça ?!), on aurait aimé voir comment Alex gère cette nouvelle situation de père adoptif ; et enfin la collègue de Jérémy dont le nom m'échappe dans l'immédiat, dont la cigarette électronique est attachée autour du cou, qui nous offre une scène mi-triste mi-bizarre à son boulot. Ces trois personnages traversent aussi leurs propre crises existentielles et sont de cette façon les héros de leurs propres histoires. Le père subit une crise de la quarantaine en retard, une sorte de dépression, on ne sait pas vraiment ce qu'il veut ni pourquoi, mais lui non plus. Théo est l'enfant le plus névrosé qui puisse être, à cause de la séparation de ses parents, il trouve un certain réconfort chez Alex, mais malheureusement pour lui (et pour nous), ça ne durera pas. Enfin, la collègue de Jérémy est victime du syndrome de la « bonne copine », et est à la recherche en vain de son prince charmant. Ces trois personnages aussi profonds que bien interprétés permettent au second plan d'être aussi animé et intéressant que le premier plan.

Mon deuxième gros coup de cœur, c'est le personnage d'Alex. Le jeu de son interprète Alexandre Boublil est tout simplement parfait, et le personnage est vraiment drôle et touchant. J'y crois tellement que je confonds le personnage et l'acteur (qui en plus partagent le même prénom), et que je suis persuadé qu'il fait partie de mon entourage (pour de vrai hein, je suis persuadé qu'on a déjà trainé ensemble à un moment de ma vie). Après quelques recherches j'ai découvert qu'Alexandre Boublil n'avait jamais vraiment joué auparavant, on peut dire que dans sa propre crise des vingt-cinq ans, il a trouvé sa voie. Et on espère qu'il ira encore plus loin que son cousin Max !

Aller, ne me faites pas croire que vous êtes pas chauds là, vous êtes déjà entrain de souscrire un abonnement OCS.

Et par rapport à ce que je disais au début, et ce que je disais juste avant, dans l'absolu, j'ai l'impression de voir ma propre bande de potes. J'ai peut-être quelques amis qui ressemblent à des mecs de la bande de Jérémy, et qui ont traversé des histoires similaires, mais ce n'est pas ici que je les reconnais. À travers tous ces questionnements, et toutes ces hésitations que ces personnages peuvent avoir, je reconnais parfaitement mon monde, et les gens de mon âge (sans parler du fait que les personnages sont attachants et qu'on a l'impression d'appartenir à leur bande de potes à eux et blablabla). Quand je regardais la série, je m'amusais à imaginer le quel de mes potes aurait pu être impliqué dans chaque situation, et le plus drôle c'est que malgré l'incongruité des situations, l'implication de mes amis ne me paraissait pas absurde.

Vous avez compris que c'est une série excellente maintenant ?

Vous voyez, je n'avais pas menti. Et en plus d'être une série excellente, malgré son caractère générationnel, elle convient parfaitement à tout le monde. Certes, elle va avoir un impact plus fort sur certains, mais les autres pourront comprendre cette tranche de vie, qu'on traverse cette période ou non.

STP lecteur, regarde cette série.

Si tu ne le fais pas pour toi, fais le pour moi. La saison se termine sur une ouverture très large, et le champs des possibles pour une deuxième saison est littéralement infini. Je n'ai pas entendu qu'une deuxième saison avait été commandée ou quoi, et c'est pour ça que je vous demande de regarder la première, pour que les chiffres démontrent qu'une deuxième saison est inéluctable.

En réalité, c'est sûr que vous allez accrocher, donc trouvez vingt minutes dans votre journée et lancez le premier épisode, remerciements et avis en commentaires.

Aller, faut que je bouge, j'ai plein de trucs à faire. Dans cinq ans j'ai trente ans.


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